Skip to main content
Actualités

Disparition de Seiji Ozawa  : une illustre carrière commencée à Besançon

By 22 février 2024février 27th, 2024No Comments

Le chef d’orchestre japonais Seiji Ozawa est décédé le 6 février dernier à l’âge de 88 ans. En 1959, il remporte – à tout juste 24 ans – le Premier Prix du Concours international de Besançon. C’est là le début d’une remarquable carrière internationale.

Seiji Ozawa – Épreuves du 9e Concours de jeunes chefs d’orchestre – 1959

Grande figure de la musique classique, Seiji Ozawa a démarré sa carrière en remportant le Concours de jeunes chefs de Besançon en 1959, devenant rapidement le lauréat le plus emblématique de la compétition.

Après plus de 60 jours de voyage en cargo, il arrive en France avec sa mobylette pour participer au Concours de jeunes chefs d’orchestre. La suite il la raconte au micro de France musique en 2008.

« J’ai eu beaucoup de chance en 1959, je suis arrivé en France au Printemps et il était presque trop tard pour s’inscrire au Concours. A l’occasion du Concours, j’ai rencontré Charles Münch [chef d’orchestre] et Eugène Bigot [chef d’orchestre et Président du Concours de jeunes chefs d’orchestre entre 1958 et 1964]. Eugène Bigot était un excellent professeur de direction d’orchestre, on l’appelait « Monsieur métronome » car il était d’une exactitude maniaque. J’ai étudié avec Eugène Bigot et puis Charles Münch m’a invité à venir à la session d’été de l’orchestre symphonique de Boston en 1960. À la fin de la session, j’ai obtenu la bourse Koussevitzky, c’est ce qui m’a permis de devenir l’assistant de Monsieur Bernstein au Philharmonique de New York et j’ai été invité à participer au Concours [Herbert von Karajan] Karajan pour devenir son élève. Tout cela je le dois à Besançon ! »

Seiji Ozawa fut le premier chef d’orchestre asiatique à s’imposer dans le monde entier, dirigeant les plus grandes formations telles les orchestres de Boston, Chicago ou le Wiener Philharmoniker.

Sa brillante réussite a donné au Concours de Besançon une notoriété très forte dans le monde entier, et particulièrement en Asie, suscitant bien des vocations auprès de jeunes artistes espérant suivre le même chemin.

Depuis quelques jours, les témoignages de chefs d’orchestre et musiciens se multiplient dans le monde entier, rappelant l’immense chef d’orchestre qu’il fut et le modèle qu’il incarna pour plusieurs générations de jeunes chefs, comme le Maestro Yutaka Sado (Président du jury du 58e Concours de Besançon) :

 « Sans lui, je n’aurais jamais voulu être chef d’orchestre. J’ai eu la chance de recevoir ses conseils et de vivre de belles expériences à ses côtés […] Bien sûr, je me souviens de ses nombreuses et excellentes interprétations. Mais ce qui me manque le plus, c’est sa personnalité : son humour sans prétention, son dynamisme, sa gentillesse, son équité et sa bonne humeur ».

Seiji Ozawa et le Festival de Besançon

Seiji Ozawa, Festival de Musique – 1979 © DR

Six ans après son sacre, Seiji Ozawa – alors directeur musical de l’Orchestre symphonique de Toronto – revient à Besançon pour le concert d’ouverture du 18e Festival et du 15e Concours (1965). Il dirige l’Orchestre Philarmonique de l’ORTF avec un programme mêlant Mozart, Martinon et Berlioz (Symphonie Fantastique).

Seiji Ozawa revient l’année suivante (1966) pour clôturer le Festival et le Concours avec un programme tout aussi exceptionnel : Mozart (Symphonie en sol majeur); Messiaen (Sept Haïkaï), Debussy (Prélude à l’après-midi d’un faune) et Stravinsky (L’Oiseau de feu). De cette prestation, il nous reste deux enregistrements INA, à découvrir en bas de page.

Le Maestro ouvre le 32e Festival (1979) dirigeant l’Orchestre symphonique de Boston au palais des Sports de Besançon (programme : Quatrième symphonie de Beethoven ; Symphonie Fantastique de Berlioz)

En 2007, au firmament de sa carrière, Seiji Ozawa choisit de revenir à Besançon à l’occasion des 60 ans du Festival et du 50e Concours de jeunes chefs d’orchestre. Il reprend, comme un clin d’œil au Festival, la Symphonie Fantastique de Berlioz avec l’Orchestre National de France pour un concert de clôture mémorable à Micropolis devant un public conquis. À cette occasion, le Maire de Besançon, Jean-Louis Fousseret, lui remet le titre de citoyen d’honneur de Besançon.

Seiji Ozawa, Festival de Musique – 2007 © Yves Petit

La trajectoire de Seiji Ozawa est celle d’une fulgurance

Né de parents japonais, il voit le jour le 1er septembre 1935 en Chine. Mais c’est à l’école de musique de Toho à Tokyo qu’il se forme à la musique occidentale. Son premier maître, Hideo Saito, lui enseigne les bases techniques indispensables lui permettant ensuite d’aller en Europe et aux États-Unis, là où s’ancrent la tradition et le répertoire de la musique occidentale.

En 1959, il obtient en le Premier Prix du Concours de Direction d’Orchestre de Besançon. Dès lors, il prend son envol. Charles Münch l’invite à diriger l’Orchestre symphonique de Boston à Tanglewood. Puis, Seiji Ozawa reçoit à Berlin l’enseignement d’Herbert von Karajan, avant d’approfondir encore sa formation auprès de Leonard Bernstein. Celui-ci, que l’élève qualifie de « génie », lui fait partager la tournée de l’Orchestre philharmonique de New York au Japon.

Lors de ses années américaines, Seiji Ozawa assure la direction musicale de l’Orchestre symphonique de Toronto de 1965 à 1969, avant d’être nommé chef de l’Orchestre symphonique de San Francisco de 1970 à 1976. Il accomplit ce mandat tout en étant chef attitré de l’Orchestre symphonique de Boston où il imprime sa marque jusqu’en 2001.

De retour en Europe, où il est directeur musical de l’Opéra de Vienne de 2002 à 2010, Seiji Ozawa n’en cultive pas moins les liens qui l’unissent au Japon.

Seiji Ozawa est ainsi à l’origine de plusieurs académies, l’Ozawa International Chamber Music Academy Okushiga et l’Académie Ongaku-Juku au Japon, ainsi que la Seiji Ozawa International Academy Switzerland à Genève.

Pour aller plus loin :