Rencontre avec Aimée Paret, consultante, et Swann Van Rechem, lauréat 2023.
Aimée Paret © Thomas Mueller
Swann Van Rechem © Yves Petit
Remporter le Grand Prix de direction du Concours de Besançon est un tremplin immense pour la carrière d’un jeune chef d’orchestre. C’est également un tourbillon intense qui peut déstabiliser et malmener le lauréat, c’est pourquoi le Concours mandate depuis 2015, Aimée Paret, consultante spécialiste du monde de la musique classique, pour accompagner le gagnant pendant les trois mois qui suivent son sacre.
Quelques semaines après la fin de cette période de suivi, il est intéressant de découvrir plus en détail cette collaboration.
Si les festivaliers connaissent déjà Swann Van Rechem pour avoir suivi son parcours en septembre dernier dans la lumière du Concours, il n’en est pas de même pour Aimée Paret qui intervient en aval du Festival.
Aujourd’hui établie à Berlin, Aimée Paret, originaire de Californie du Nord, a débuté sa carrière en 1988 auprès de l’Alte Oper de Frankfurt. Elle travaille depuis 35 ans pour des salles de concert, des maisons de disques et des orchestres. En 2010, elle a commencé à conseiller des solistes et des chefs d’orchestre sur le développement de leur carrière.
Lorsqu’on lui demande de nous parler de son métier, Aimée Paret explique qu’elle « conseille les musiciens classiques à tous les stades de leur carrière, en leur offrant une vision, de nouvelles perspectives et l’accès à son réseau, afin qu’ils puissent prendre des décisions éclairées concernant les prochaines étapes de leur développement professionnel ». Ses clients sont des chefs d’orchestre, des solistes, des compositeurs, des ensembles, des conservatoires mais aussi des concours internationaux. Aimée Paret intervient notamment auprès des lauréats de plusieurs concours internationaux de direction d’orchestre : Mahler (Bamberg, Allemagne), Rotterdam (Pays-Bas) et Besançon.
« Comment le lauréat peut-il évaluer soigneusement et calmement toutes les nouvelles possibilités qui s’offrent à lui, alors que l’adrénaline est encore palpable ? »
« Pour le Concours de Besançon, je travaille avec le lauréat pendant les trois mois qui suivent immédiatement le concours. Il y a tellement d’attentes liées à la victoire d’un concours majeur comme celui de Besançon, les émotions sont très fortes – précisément à un moment où les projecteurs sont braqués sur le jeune chef d’orchestre. Il est très important que ce moment soit bien géré. Comment le lauréat peut-il évaluer soigneusement et calmement toutes les nouvelles possibilités qui s’offrent à lui, alors que l’adrénaline est encore palpable ? »
Swann Van Rechem corrobore ces propos : « Après le concours, j’ai reçu beaucoup de sollicitations : des propositions de concerts, des demandes de prise de contact avec des agences artistiques, des interviews… Beaucoup de ces choses sont bien loin de la musique et du métier de musicien pour lequel nous sommes formés. Il est donc très bien d’être accompagné par quelqu’un qui nous aide à répondre et à gérer de la meilleure façon possible ces différentes demandes. »
« Je vois mon rôle à Besançon comme celui d’un guide expérimenté, neutre et pondéré »
Aimée Paret résume ainsi sa mission « Je vois mon rôle à Besançon comme celui d’un guide expérimenté, neutre et pondéré, et je suis fermement convaincue qu’il est essentiel de fournir ces conseils au lauréat pour qu’il traverse avec succès cette période passionnante mais dangereuse. »
Pour le compte du Concours de Besançon, Aimée Paret a accompagné Jonathon Heyward (2015), Ben Glassberg (2017) et Nodoka Okisawa (2019). Pour chacun d’eux, elle a été un « point de contact professionnel pour tous les orchestres, maisons de disques et agences de gestion d’artistes », elle a répondu à leurs interrogations quant à « l’aspect commercial du monde de la musique classique, c’est-à-dire le montant des cachets » et elle a dirigé pour chaque lauréat « le processus de recherche de la meilleure agence de gestion d’artistes possible, adaptée à sa personnalité, suffisamment disponible et attentionnée pour le représenter ». Du point de vue de Swann Van Rechem, « il est très précieux d’avoir ces moments d’échanges pour pouvoir parler en toute liberté et poser toutes les questions possibles et ce en toute sécurité. Il est parfois difficile dans ce métier de dire : « je ne sais pas ». Cet accompagnement le permet. »
Le travail mené avec Swann Van Rechem s’est achevé sur le choix de l’agence artistique, en l’occurrence Intermusica (Londres), l’une de plus importante agence artistique dans le secteur de la musique classique.
Le Concours poursuivra cette action, qui complète le dispositif de partenariat avec une vingtaine d’orchestres et institutions internationales.