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À l’occasion de la Finale du Concours samedi 18 septembre et de la création de sa pièce Aux confins de l’orage, rencontre avec Camille Pépin qui termine sa résidence de deux années au Festival.

Comment se sont passées ces deux années de résidence au Festival ? 

C’était une expérience très riche en rencontres. Chacune d’elle a réellement compté et m’a permis d’évoluer, particulièrement avec les musiciens que j’ai rencontrés et qui ont joué ma musique. Il faut souligner que le Festival invite de très bons musiciens !
J’ai également pu rencontrer les partenaires du Festival, les conservatoires de Besançon, Dole et Belfort par exemple, où j’ai échangé avec des professeurs très investis dans la musique contemporaine, des personnes qui insufflent une belle énergie aux élèves. Cela crée un environnement très agréable pour travailler. Je me souviens d’une jeune élève harpiste à Belfort qui a joué ma pièce pour harpe plusieurs fois (Nighthawks, pour harpe)  je l’ai vue progresser et évoluer, et elle m’a dit que nos échanges ne lui avaient pas servis que pour la musique, mais également dans sa vie. Cela a créé un vrai lien. 

Peux-tu nous expliquer ce qu’est une résidence de compositeur ? 

À mes yeux, une résidence permet de créer une relation privilégiée avec un orchestre, des musiciens et une région. J’ai eu deux ans pour faire découvrir mon univers aux musiciens et au public de la région, qu’il soit mélomane ou non.
Au-delà du lien créé avec les musiciens, une résidence permet de créer des envies. Comme ma musique est jouée plus régulièrement pendant cette période, cela permet à des personnes qui n’auraient pas écouté spontanément ma musique de la découvrir.

Est-ce la première fois que tu étais jury dans un concours de chef d’orchestre ? 

Oui tout à fait et ce que j’apprécie dans le Concours de Besançon, c’est que nous découvrons les candidats en situation de travail, avant de les découvrir en situation de concert qu’est la Finale. C’est tellement intéressant de voir comment chaque jeune chef s’organise à l’intérieur d’une répétition, comment il se présente à un orchestre, de quelle manière il fait passer son énergie, comment il s’adapte à un orchestre ou encore à une salle et une acoustique qu’il ne connaît pas… Tout cela est extrêmement important et en dit bien plus que le moment du concert pour nous, membres du jury. 

Est-ce que le lien que va créer le chef d’orchestre avec son orchestre en amont de la représentation est important ?

Oui, lorsqu’on voit un chef d’orchestre, au bout de 3-4 min, on sent déjà si ça colle ou non. L’orchestre peut très bien répondre car le chef est techniquement impeccable, mais il peut aussi très bien répondre à quelqu’un qui a quelques faiblesses techniques mais qui transmet une belle énergie.
Au Concours, on ne cherche pas seulement la personne qui aura la meilleure technique, on cherche avant tout un musicien, le chef d’orchestre qui nous aura le plus ému, et qui aura transmis sa vision personnelle grâce à la connexion établie avec l’orchestre. Le chef d’orchestre ne décide pas tout, il est à l’écoute de l’orchestre et de l’œuvre, il doit être l’ambassadeur de l’œuvre qu’il dirige. L’orchestre, le chef et l’œuvre forment un tout.

En tant que compositrice, as-tu des attentes et un regard différent envers les candidats ?

Les chefs d’orchestre du jury sont notamment là pour juger la technique. De mon côté, j’ai vu les forces techniques des candidats dès le début, mais j’ai également pu voir se révéler au fil des épreuves, des candidats moins à l’aise sur le plan technique, mais avec une plus grande sensibilité musicale, avec une vision plus personnelle. Ce sont des choses que je remarque particulièrement et qui m’intéressent chez un chef d’orchestre. En cela je pense que notre jury était très équilibré avec une directrice d’institution, une musicienne d’orchestre, quatre chefs d’orchestre et moi même compositrice. Nous avions chacun notre sensibilité pour juger les candidats d’une façon assez complète, et pas uniquement sur la technique.

À l’issue des demi-finales, tu as eu une rencontre et un temps d’échange avec les trois finalistes autour de ta pièce créée en Finale [et commandée par le Festival], que leur as-tu dit ?

Je voulais dans un premier temps leur dire qu’ils avaient fait le plus dur, et que quelque part ils avaient déjà gagné. Nous avons reconnu leur travail et leur talent et ils ont la chance de pouvoir jouer toutes les partitions qu’ils ont travaillé pour le Concours. Je leur ai également rappelé que lors de la Finale, c’est très important qu’ils prennent du plaisir, qu’ils sortent de la vision « Concours ».
Ils sont musiciens, chefs professionnels et désormais, en tant que jury, nous voulons savourer leur personnalité, les voir s’exprimer, qu’ils nous montrent ce qu’ils font réellement des pièces. 

Aux confins de l’orage va être créée (trois fois) lors de la Finale.
Dans quelle émotion es-tu à l’aube de découvrir ta partition jouée par un orchestre pour la première fois ? 

À chaque fois c’est vraiment un moment magique !
J’ai bien sûr de l’appréhension étant donné que pour le moment la pièce est uniquement dans ma tête. J’ai toujours peur d’entendre quelque chose que je n’avais pas imaginé de cette façon-là, ce n’est pas encore arrivé mais je sais que c’est un risque.
Mais déjà lorsque l’on est entre de bonnes mains, avec un bon orchestre et un bon chef, on vit les choses beaucoup plus sereinement, et là je ne suis pas très inquiète. Ce qui est encore plus excitant, c’est la perspective de l’entendre à travers ces trois chefs, leurs trois personnalités. Je leur ai demandé d’être eux-même, de faire ce qu’ils pensent être bon pour ma pièce en toute confiance. Je souhaite qu’ils se sentent libres, qu’ils me surprennent et qu’ils me proposent des choses différentes !