Toute cette année, nous vous donnons rendez-vous avec l’histoire du Festival à travers des photos d’archives, des bribes d’histoire et des anecdotes… pour célébrer la 75e édition du Festival de musique !
La plupart de ces pastilles sont issues du cahier « Besançon, une saga en musique », rédigée par le journaliste Julien Sykes à l’occasion de la 70e édition du Festival.

C'est le troisième festival de musique créé en France, après Strasbourg et Aix-en-Provence !
Il a le même nombre d'années au compteur que le Festival de Cannes.

La « Lyre d'or » est décernée au lauréat du Concours de jeune chef d'orchestre dès 1968, dans la catégorie « amateurs ». Le Prix « Émile Vuillermoz » est quant à lui réservé aux professionnels et équivaut à « la reconnaissance d’un métier ».
En 1974, le Concours révise son règlement et les deux sections (amateur / professionnels) sont abolies : tous les candidats de moins de trente ans peuvent s’inscrire au Concours. Le premier lauréat reçoit donc le prix «Émile Vuillermoz », d’une valeur de 5000 francs à l’époque, assorti d’une bourse de stage d’un an auprès d’un chef régional et de la « Lyre d’Or », réalisée par un artiste bisontin.

Le chapiteau Belle-Époque installé Place Granvelle se veut un lieu festif et convivial où écouter des musiques métissées. La programmation est confiée à Clément François et, la première édition étant un succès, le Magic Mirror sera maintenu les années suivantes. Spakr, Tchavolo Schmitt, Bratsch, Lazare, Marcio Faraco, le Cirque des Mirages, Krachtavalda, Bonga, Misia, Mayra Andrade, Musica Nuda, Yom, Transat, Cumbia ya… tous ont foulé le plancher du Magic Mirror !
Le lieu sera abandonné en 2014 pour laisser sa place à une double programmation : jazz au « Pianos-bar » (la Salle Proudhon du Kursaal, avec une scénographie repensée pour l’occasion) et musiques métissées au Petit Kursaal.
Depuis 2020, la scène jazz est « hors les murs » et en plein air, Place Granvelle.

En 1951, Émile Vuillermoz, éminent critique musical d’origine comtoise et fortement attaché au Festival, lance le Concours de chefs d’orchestre !
Son idée ? Remédier à la pénurie de chefs d’orchestre en France alors que des étrangers tiennent la vedette, et permettre à des jeunes musiciens « amateurs » d’avoir un orchestre de 80 musiciens à disposition pour mettre le pied à l’étrier et éprouver leurs compétences.
Plutôt que de jouer la discrimination, c’est l’inclusion qui est recherchée ici, avec l’espoir de dénicher des talents. Le Concours s’adresse tout d’abord aux « jeunes de moins de 30 ans ne possédant aucun titre et n’ayant jamais fait acte de professionnel pour la direction d’orchestre ».
Mais les « professionnels » (maîtres et élèves) ne l’entendent pas de cette oreille et le comité fléchira en instaurant deux sections dès 1954 (« non professionnels - non diplômés » et « professionnels - diplômés »).
En 1958, le comité dresse un premier bilan et dénombre quelque 350 concurrents, d’une trentaine de nationalités. Un nouveau volet qui contribue au rayonnement de Besançon en tant que « capitale régionale » en France et à l’étranger !
À l’époque, les concours de chefs d’orchestre sont rares. Le Concours Mitropoulos de New York (qui s’inspirera du règlement de Besançon) et le prestigieux Concours Karajan de Berlin verront le jour la décennie suivante. Face au milieu musical qui exige des compétences toujours accrues, il n’y aura plus qu’une seule catégorie destinée aux « professionnels » dès 1974.
Parmi les lauréats de Besançon citons le Roumain Sergiu Comissiona en 1954, l’Allemand Gerd Albrecht en 1957, le Japonais Seiji Ozawa en 1959 (il avait 24 ans !), Michel Plasson en 1962 (dans la section « non professionnels »), le Tchèque Zdenek Mácal en 1965, l’Espagnol Jésus Lopez-Cobos en 1968 (en « non professionnels »). Puis, Sylvain Cambreling en 1974, Yutaka Sado en 1989, le français Lionel Bringuier en 2005 (qui remportait le 49e Concours à l’âge de 18 ans !), Kazuki Yamada en 2009, Ben Glassberg en 2017 et la japonaise Nodoka Okisawa en 2019.

Le Festival accueille des pointures pour présider le Concours : Marcel Landowski (1988), Henri Dutilleux (1990) – qui livre des cours d’analyse sur ses œuvres, Pascal Dusapin (1991), Luciano Berio (1992), Betsy Jolas (1994), Edison Denisov (1996)...
En 1994, les concours de composition et de direction sont biennalisés, en alternance.
Ne trouvant pas assez d’écho auprès du public et des médias, et représentant une charge trop onéreuse pour l’Association, le Concours de composition est abandonné en 2004 à la faveur d’une résidence de compositeur : l’idée est de rendre la musique contemporaine plus accessible, avec un effort de vulgarisation.
C’est Philippe Fénelon qui inaugure cette résidence (sur deux années) assortie de concerts lors de deux éditions du Festival, classes de maîtres, rencontres et surtout, la commande d’une œuvre symphonique en vue de l’épreuve finale du concours de chefs l’année suivante. Bruno Mantovani, Édith Canat de Chizy, Michael Jarrell, Misato Mochizuki, Guillaume Connesson, Philippe Hersant, Éric Tanguy, Camille Pépin et actuellement Alexandros Markeas lui succède.

Pierre Graveleau
Le 16 septembre 1950, dans le cadre du Festival, le pianiste d'origine roumaine Dinu Lipatti donne un récital devenu mythique, dans une Salle du Parlement bondée où l’on avait ouvert les portes de la salle contigüe « des Pas perdus », pour accueillir tout le public.
Diminué par une leucémie qui l’emportera le 2 décembre de la même année (à 33 ans), il met ses dernières forces dans ce concert. Le programme intégral de ce récital (Mozart, Schubert, 13 Valses de Chopin et le désormais mythique arrangement du Jesu, mein Freude de Jean-Sébastien Bach) paraîtra en vinyle sous étiquette Columbia et sera réédité à tours de bras jusqu’à aujourd’hui.

La ville aussi se pare de ses plus beaux atours à l’occasion de son traditionnel « concours d’étalage » : une animation commerciale attendue et courue avec une réelle implication des commerçants pour mettre en scène leur vitrine aux couleurs du Festival.
Photo : jury du Concours dans les années 60
Et l’on regarde d’un œil amusé la liste des prix attribués à tel charcutier, tel libraire, tel magasin de fourrures, pour les efforts consentis à rendre les vitrines les plus attrayantes possibles.
Véritable théâtre de séduction qui a battu son plein dans les années 60, fut abandonné, rétabli dans les années 90 pour s’éteindre à nouveau… avec une ultime édition en 2014, à l’occasion de la 69e édition.